Le monument tagué et peint
Dans la nuit du 10 au 11 novembre le monument de Gentioux a été peint et tagué. Au-dessus du poing de l’orphelin, occultant complètement le panneau de granit où sont inscrit les noms des soldats morts pendant la guerre de 1914-1918, une peinture représentait le drapeau palestinien. Sur la face opposée du monument, une inscription était taguée en arabe et face à la route, une autre en français : « Palestine libre ». Ce n’est pas la première fois que l’édifice est dégradé par des peintures ou des graffitis. Le maire a déposé plainte une nouvelle fois. Rappelons que le monument est inscrit à « l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques au titre des lieux de mémoire », depuis le 9 février 1990 et la mention « Maudite soit la guerre » est depuis inviolable et rien ne peut être modifié.
Le 11 novembre à partir de 9h30 se tenait dans une salle de la mairie l’assemblée générale du Comité laïque des Amis du Monument aux Morts de Gentioux. Elle a adopté le communiqué suivant :
« Le comité de Gentioux réuni en assemblée générale le 11 novembre à Gentioux, dénonce les dégradations infligées au monument aux morts de la commune dans la nuit du 10 au 11 novembre. Face à la situation à Gaza, le comité exige un cessez-le-feu immédiat et l’arrêt du blocus. »
La municipalité a commémoré le centenaire du monument
À 10h30 une foule de plus d’une centaine de personnes, mêlant habitants de la commune et pacifistes déjà arrivés sur les lieux, se massait devant le monument. Le maire de Gentioux, Benjamin Simons, était accompagné de deux députées LFI- NUPES, Catherine Couturier députée de la Creuse et Pascale Martin de la première circonscription de Dordogne.
Le maire a d’abord lu le texte officiel du gouvernement puis il a prononcé un discours au nom de la municipalité de Gentioux-Pigerolles. Le voici :
« (…) Qui ici peut dire avoir vécu ou connu la guerre ? Qui ici connaissait une des victimes qui figure sur ce monument ? Qui ici peut mesurer l’ampleur du désastre que fut la première guerre mondiale pour l’humanité ? Pourtant depuis un siècle, contre tous les coups que le sort a dressé devant lui, et désormais sur lui, l’orphelin a infatigablement attiré celles et ceux qui se reconnaissent dans son message. En 1923, la République française n’avait pas choisi de s’associer à ce message des habitants de Gentioux, elle avait préféré se tenir muette et détourner le regard de ses serviteurs de l’inscription et du poing jugés par trop provocateurs. Pourtant, décennies après décennies, cette même République a admis que le message de l’orphelin appartenait à la vérité, une vérité subie par la population meurtrie qui en fut la mère. Après l’avoir salué, il y a maintenant 38 ans, après l’avoir reconnu au titre de l’histoire il y a 33 ans, la République française fait le choix aujourd’hui d’en assumer la complète restauration et devra confirmer ce choix puisque l’histoire bégaie. L’histoire nous dira si cette même République y déposera elle-même ses fleurs, comme le font aujourd’hui les représentantes de son peuple. Si le message qu’il porte est celui de la paix, le récit de la vie des hommes fait de l’orphelin le témoin de bien des conflits et aujourd’hui, de son monument, une cible. De courte mémoire, on se souvient qu’il fut un temps interdit à certains d’y manifester, il fut interdit d’y poser des messages éphémères, et jusqu’à maintenant, que certains firent le choix d’y apposer directement d’autres messages. S’il est maintenant un jalon dans l’histoire, ce monument n’a donc pas été un objet insensible, immuable et figé dans un état. Il est lié aux hommes et à leurs vicissitudes aujourd’hui comme hier. Nous faisons en ce jour le choix de lui rendre son aspect d’origine, de lui faire ainsi affronter un nouveau siècle, avec l’apparence qu’il portait en découvrant le dernier. C’est visiblement un choix qu’il nous faudra protéger. C’est pourtant pour nous une note d’espoir et un signe de reconnaissance envers lui et son message. Car si l’orphelin et son monument ne sont pas appelés à demeurer gelés dans le passé, ils ne doivent pas moins revenir à nos enfants, à nos petits enfants, comme il nous ont été transmis et non pas être accaparé par un camp contre un autre. Ce partage entre les générations qui se sont succédées ici doit nous unir, nous enduire le cœur du baume de la fraternité, de la solidarité et non pas exciter en nous les fureurs de la division comme nous le ressentons en ce jour. À nous de traduire entre nous ce que l’orphelin montre dans la pierre. S’il est un ennemi que l’orphelin combat du poing, il est clair et sans appel, inscrit en toute lettre dans le granit de notre pays : la guerre. Maudite soit la guerre ! La guerre n’attendit pas deux décennies avant d’enflammer à nouveau le monde entier, après que ce monument fut inauguré par nos prédécesseurs, la guerre qui embrase encore aujourd’hui la planète entière, des jungles d’Amérique latine au désert du Yémen et aux eaux de la mer de Chine. Nous saluons un siècle de malédiction à la guerre aujourd’hui, alors même que l’Europe a repris les armes et se tient sur les champs de bataille d’Ukraine et dans ses usines, prête à défendre dans ce siècle ce qu’elle a défendu lors du précédent, alors même que la Russie envoie chaque jour ses enfants mourir par milliers contre leurs frères et sœurs européens. La guerre se répand toujours tel un poison mortel dans le cœur des hommes et des femmes d’Israël, de Palestine, et de France. Les morts continueront à nourrir les rangs des orphelins, quand ils ne les faucheront pas aussi brutalement que la mécanique froide de l’époque le permet. Il n’est pourtant pas de moment plus crucial dans notre histoire pour affronter demain ensemble. Chaque année que vit se monument amène davantage de témoignages du péril imminent qui nous attend. Il manquera bientôt de prénoms pour baptiser les tempêtes et les catastrophes qui s’abattent en France, en Europe et dans le monde. Alors qu’attendent les hommes ? En ce moment le plus fatidique, lorsque les perspectives funestes qu’on nous dessine depuis plus d’un demi-siècle deviennent des réalités, alors que commence à se vivre les premières guerres climatiques et que prolifèrent les pensées dogmatiques, nous nous devons de trouver ce supplément d’âme indispensable à notre survie. C’est devant un témoin des fureurs de l’époque, et de son incapacité à s’exprimer sans vouloir écraser la voix des autres que nous veillerons à ce que demain il puisse de nouveau parler à tous. MAUDITE SOIT LA GUERRE !”
Catherine Couturier, est également intervenu pour dire qu’elle porte haut et fort le message de paix inscrit sur la pierre. Elle rappelait le communiqué qu’elle avait fait en juillet dernier par lequel elle dénonçait l’acte de vandalisme effectué sur le monument.
« Je dénonçait cet acte comme je dénonce celui de cette nuit à contre courant de l’engagement de toutes celles et ceux qui se battent pour la reconnaissance des valeurs de paix, de liberté, d’égalité, de solidarité et de fraternité entre les peuples. Les auteurs de ces faits ont-ils compris que les noms gravés sur cette stèle sont ceux de jeunes hommes, envoyés au front ou résistants contre le fascisme qui ne demandaient qu’à vivre en paix. Et pour vivre en paix il nous faut porter l’humanisme au premier rang de nos actions et réaffirmer qu’une vie en vaut une autre. (…). Je regrette par ailleurs que les pouvoirs successifs n’aient jamais inauguré ce monument. Je regrette également que la proposition pour la loi de réhabilitation des fusillés pour l’exemple, déposée par mon collègue Bastien Lachaud fin 2021, et qui attend de passer en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, tarde. J’ose croire qu’elle sera adoptée très rapidement pour revenir avec un autre regard ici à Gentioux. »
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Une gerbe a été déposée par la municipalité, une autre par les deux députées.
Le 36ème rassemblement pacifiste
Malgré une demi-heure de battement entre les deux rassemblements, c’est sous un ciel relativement clément que la foule des pacifistes s’est à nouveau massée devant l’orphelin, à midi.
Monsieur le maire de Gentioux est resté parmi nous pendant la durée de notre rassemblement ; qu’il en soit remercié.
Peu à peu se sont installées les banderoles, ont fleuri les drapeaux, les casaques spécifiques aux organisations, les insignes et badges, les slogans sur tissu ou cartons. Le rejet de la guerre en Palestine s’affichait partout.
Régis Parayre, président du CLAMMG,
n’a fait qu’évoquer l’actualité internationale, pour, une fois n’est pas coutume, rappeler l’épopée au fil des années du Comité de Gentioux.
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Puis il a donné la parole aux différents intervenants.
François Garçaut au nom de la Ligue des Droits de l’Homme de la Creuse.
“Bonjour à toutes et à tous
Tout d’abord j’adresse au nom de la Section Guéret-Creuse et de la région Limousin de la Ligue des droits de l’Homme, nos remerciements et notre solidarité au Comité Laïque des Amis du Monument aux morts de Gentioux pour l’acceptation de notre présence aujourd’hui afin de commémorer ensemble ce centenaire. J’ajouterais que pour le retour de la LDH-CREUSE en ce lieu, ce moment et devant ce monument s’imposaient comme une évidence.. comme un symbole pacifique de notre organisation envers notre département, ses citoyens, ses habitants. Vous … Comité faites vivre ce jour du Souvenir depuis 34 ans … sans relâche pour la connaissance et la reconnaissance de l’ Histoire mais surtout envers et pour ses hommes, ses noms inscrits pour l’éternité. Notre devoir ce jour en tant que citoyens, en tant que pacifistes est de rendre hommage à ces hommes courageux, désespérés, juste humains qui se sont fait broyer par une idéologie militaire révolue. Ne peut-elle pas revenir par le biais d’activistes extrêmes politique ou non … contre lesquels nous devons rester des plus vigilants ! Certaines vitrines, maisons .. ou bien encore des stèles sont de nos jours taguées … Même des manifestations pour la Haine ont lieu … émanant de personnes aux doctrines nauséabondes… Au pouvoir par ces temps de guerre ils ne leur faudrait pas longtemps pour que ces gens remettent le malheur au goût du jour. Il nous faut faire attention pour que de nouvelles tranchées ne soient pas creusées… fossés maudits qui séparent des êtres qui se ressemblent tellement par temps de paix. Ces horribles batailles sans nom, en plaines ou dans les tranchées ont amenées tant de décisions cruelles et abjectes. La guerre a trouvée son synonyme … depuis le début de la dite Humanité … inhumaine ! On ne peut … qu’effleurer de peu … les affres mentales et les souffrances physiques vécues par nos aïeux !!! Ce que l’on peut affirmer .. c’est que les fusillés pour l’exemple ne sont rien d’autre que des crimes de guerre, mais la guerre n’est elle pas elle-même un crime ? La guerre est la négation absolue des droits de l’homme. Pendant une guerre, un être humain étiqueté comme ennemi perd toute son humanité. Ce n’est plus qu’une chose qui doit être détruite ou à la rigueur dont on doit supprimer la liberté. Il n’a plus aucun droit. Inutile de dire que cela ne devrait jamais exister … les droits de l’homme doivent s’imposer partout et en tous temps…et c’est encore pour cela que nous sommes contre les guerres. (…)”
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Muriel Dallier au nom du Comité de la Creuse du Mouvement de la Paix.
Bonjour,
L’écolier de Gentioux lève son poing serré. Toute la fierté de ce geste fait de cette statue un phare pour les pacifistes de France et au-delà. Fulbert – c’est le prénom que lui a donné Didier Daenincks dans son livre « Maudite soit la guerre » – Fulbert n’est pas éploré, il est en colère. Et cette saine colère est justifiée. Qu’ont-ils subi ces jeunes enfants des années 1914-1918 ? qu’ont-ils supporté lorsqu’ils étaient enfants ceux dont les noms sont tristement gravés sur ce monument ? Ils ont subi la propagande de guerre à un niveau inconcevable ! une propagande prenant pour cible des enfants. L’école a été un relai institutionnel ; l’ Église de France s’est aussi engagée par la prière des enfants pour la victoire nationale, par ses publications prônant le sacrifice ; la presse enfantine en a été un vecteur servile et honteux – Fillette avec l’espiègle Lili ; la Semaine de Suzette avec les aventures de Bécassine ; les aventures des Pieds nickelés. Tout contribuait à galvaniser ces jeunes esprits pour la guerre. On les a culpabilisés, on les a chargés de responsabilités, on leur a enjoint de travailler toujours plus, que ce soit à l’école, dans les tâches ménagères, dans les travaux de la ferme comme dans les activités artisanales, ouvrières. On a même « pollué » leur jeux d’enfants par des valeurs guerrières d’un patriotisme de bas niveau. On les a submergés d’un patriotisme xénophobe. On leur a volé l’insouciance de leur jeunesse. Fulbert, leur en veut ; Fulbert a compris. Fulbert ne pleure pas ; il est digne, il est droit. Aujourd’hui, la tentation est grande pour les va-t-en-guerre de reproduire cette stratégie de conditionnement des jeunes esprits. Le Service national universel en est une triste étape. Les discours sont différents, les méthodes sont différentes. La modernité en matière de communication, oblige à édulcorer le vocabulaire ; on ne peut pas prétendre faire « gober » aux jeunes d’aujourd’hui les images de 1914 ! En revanche, l’objectif est précisément inchangé : profiter de la malléabilité des jeunes esprits pour les amener sinon à aimer la guerre du moins à l’accepter. La chose militaire est une belle chose ! Nous, à Gentioux, nous disons NON ! Laissez-les grandir ! La jeunesse a besoin d’une autre perspective plus humaine, plus responsable. Nous nous engageons pour que soit mise en place une véritable politique respectueuse de la jeunesse, ouvrant sur un avenir de paix stable. L’ École laïque est là pour assurer cette mission ; encore faut-il qu’elle en ait les moyens matériels et humains. Soyons vigilants, défendons l’ École laïque, c’est elle seule qui peut donner à nos jeunes les outils intellectuels qui leur permettront de résister à la propagande de guerre. C’est notre École, c’est l’ École de la République, défendons-la dans ses contenus, dans ses moyens. Ne laissons aucun pouvoir la dévoyer ! Soyons à la hauteur du geste noble de Fulbert ! Maudite soit la guerre !
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René Burget au nom du groupe limousin de l’Union pacifiste (GLUP)
Très cher Orphelin de Gentioux,
COMME TU LE SAIS, À FORCE D’ENTENDRE LA VOIX DU GLUP LE 11NOVEMBRE, ces initiales sont celles du Groupe Limousin de l’Union Pacifiste, au sein de la section française de l’Internationale des résistantes et résistants à la guerre. Centenaire comme toi, l’IRG est une organisation non gouvernementale auprès de l’ONU. À l’évidence, le prix de la paix ne sera jamais aussi ruineux que le prix de la guerre : on ne construit rien avec la mort, on peut tout espérer de la vie. C’est pourquoi l’IRG regroupe les pacifistes, quelles que soient leurs opinions religieuses ou politiques, déterminés à lutter pour abolir l’armée, les armements et les lois qui obligent les individus à verser leur sang sur l’autel des pollueurs patriotes. Les présidents clament à la cantonade : « Nous faisons la guerre contre des agresseurs, pour défendre le droit, la liberté, la démocratie, les peuples opprimés, le prolétariat, le pétrole… et même pour la paix ! » Or, force est de constater qu’il est impossible d’obtenir la paix en préparant son contraire, la guerre. C’est toujours des pauvres gens qui se massacrent, et non pas les plus riches. Pourquoi en 2023 y a-t-il encore des guerres ? À qui profite ce crime contre les peuples ? Qui invente des ennemis partout, afin de régner par la terreur et la soumission ? Qui donc prémédite tous ces meurtres de masse ? COMME TU LE SAIS, dès le 6 août 1914, les mines de fer du bassin de Briey (près de Thionville, en Lorraine) ont été occupées par les Allemands, sans combat. Jamais bombardées pendant les quatre ans du conflit, elles ont permis la production de munitions à un rythme élevé et ont prolongé d’autant la durée de la Première guerre mondiale. Surprise, c’était une propriété de la famille franco-allemande De Wendel. Bizarre, les bénéfices de ces marchands de canons ont explosé ! La manufacture et le commerce des armes sont une source de corruption et de profits ahurissants pour les dirigeants des sociétés anonymes à gros détenteurs de capitaux. L’argent du crime permet aux milliardaires, sans souci des frontières, d’acheter journaux, télévisions, médias virtuels, et même de financer des politiciens racistes. Avec ce lavage de cervelles au patriotisme, ils font croire à la population qu’il faut renforcer la Défense, être prêt à la guerre pour avoir la paix. Or, il est évident que la paix ne peut se construire qu’en désarmant : « Ôtez l’armée et vous supprimez la guerre » (Victor Hugo, 1802-1885). COMME TU LE SAIS, LA GUERRE N’EXISTE QUE PARCE QUE DES INDIVIDUS OBÉISSENT À DE SOI-DISANT CHEFS. Choisir de porter des armes, c’est accepter d’assassiner d’autres humains. Or, l’IRG prouve qu’il y a partout sur Terre de courageux objecteurs de conscience, opposés en toutes circonstances au port des armes. Il s’agit « des véritables pionniers d’un monde sans guerre » (Albert Einstein, 1879-1955). Aujourd’hui, il y a plus de 25 000 déserteurs russes et 7 000 déserteurs ukrainiens : à part le Bureau Européen de l’Objection de conscience l’Association Internationale des Travailleurs et l’Observatoire des armements, qui ose le dire ? En France, grâce à la ténacité de Louis Lecoin (1888-1971), le droit à l’objection de conscience a été reconnu en 1963. Sans lui, pas de respect du Droit à la vie. L’Article 3 de la Déclaration universelle des droits humains, adoptée par l’ONU en 1948, est violé constamment par l’existence même des armées, des milices, de tous ces fanatiques fous de violence… Les gouvernants sont si “terrorisés” par les insoumis et les déserteurs, qu’ils les emprisonnent, rien qu’à cause de leurs opinions non-violentes. Voire, pour les plus trouillards des chefs d’État, les fusillent pour l’exemple. CRIER POUR LE PACIFISME ! Ruiner le secteur de l’armement, c’est, dès aujour-d’hui, faire pointer à Pôle emploi les 200 000 salariés français de l’atrocité. Autant de gagné sur les 43,9 milliards du budget 2023 alloué au ministère des Armées et aussi sur les 250 000 soldes des sangsues militaires. À une époque où l’air, l’eau, la terre et les aliments ont été empoisonnés par la force des armes, le secteur de la santé n’est-il pas la priorité absolue ? Combien de personnes restent privés d’accès à la nourriture et au savoir, à cause de toute cette masse d’argent détournée pour faire la guerre ? À l’ère de l’informatisation de la planète, qui peut encore se croire menacé par autre chose que par les gens porteurs d’armes ? Comment peut-il y avoir une vraie révolution sans éradication de l’armée, l’ultime argument du pouvoir des privilégiés ? Les trémolos patriotiques du président de la République, les incantations incessantes à la légitime défense ne trompent personne : à chaque fois est invoquée la faute de l’ennemi, par exemple l’agresseur russe, et oubliées les grossières provocations de l’Organisation terroriste de l’Atlantique Nord. Lorsqu’un pays envahit un autre, il construit forcément la révolte. Parmi les révoltés, il engendre des groupuscules armés, qu’il favorisera tant qu’ils lui seront utiles et qu’il éliminera au delà. Un pays colonisateur repose sur le terrorisme. Israël agit en terroriste. Force est de le constater, à nouveau, dans la guerre fratricide en Palestine. Pourquoi assassiner les enfants des deux côtés ? Ne se ressemblent-ils pas tous ! Le seul pays vainqueur, c’est celui qui ne se bat pas : « pas un seul des maux que l’on veut éviter par la guerre n’est un mal aussi grand que la guerre elle-même. » (Bertrand Russell, 1872-1970, prix Nobel de la paix). En 2023, Hitler gagne encore la guerre : il n’existe pas d’armée qui ne soit pas fasciste. Citoyenne, citoyen, si nous ne voulons pas tous périr, ouvrons les yeux, abolissons l’armée ! Très cher Orphelin de Gentioux, encore merci pour le réconfort de ton séculaire pacifisme monumental !
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Vous trouverez également en suivant ce lien un article du GLUP qui nous raconte les traces du pacifisme en Limousin qu’expriment bon nombre de ses monuments.
Élisabeth Faucon, au nom de Lutte Ouvrière (Limoges)
Il y a 100 ans que résonne à Gentioux « Maudite soit la guerre », mais depuis la fin de la première guerre mondiale, la guerre n’a jamais disparu. Elle n’a jamais cessé d’être rallumée à un endroit ou à un autre de la planète, à cause de la guerre économique que se livrent les grandes puissances pour le contrôle de marchés, de sources de matières premières, ou de zones d’influence. Depuis un an et demi, les USA et la Russie s’opposent dans la guerre en Ukraine, qui a déjà fait plus d’un demi-million de victimes, détruit des villes entières. En Afrique, particulièrement dans la région du Sahel, les tensions sont vives, ponctués de putschs ou d’exactions de bandes armées. Le Moyen-Orient est le dernier foyer d’embrasement où le terrorisme d’état mené par Israël, soutenu inconditionnellement par les grandes puissances impérialistes, fait de Gaza un cimetière à ciel ouvert. Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine est un symbole. Celui des grandes puissances impérialistes qui disposent du monde comme de leur propriété privée et des peuples comme des masses de manœuvres. Nous ne savons pas jusqu’où iront les conflits actuels, d’où pourra venir un nouvel embrasement, mais il est évident que l’heure est pour les impérialistes de mettre le monde en ordre de bataille derrière eux pour le préparer à une guerre généralisée. Les états-majors des armées du monde entier se préparent à une guerre qu’ils appellent de « haute intensité ». Les budgets liés à l’armement explosent et pompent les finances des états. Les 413 milliards du budget militaire français sont autant de moyens qui manqueront dans les hôpitaux, les écoles. Ils servent déjà de nouveaux prétextes pour attaquer les conditions de vie et de travail des travailleurs pendant que les rois de l’économie de guerre se frottent les mains et engrangent des bénéfices records ! On ne peut qu’être révolté par le gâchis pour la société que représente la mobilisation de toutes les ressources économiques, des cerveaux, des progrès technologiques au service de la préparation à la guerre.Le réarmement de la société n’est pas seulement matériel. L’heure est au serrage de vis, à l’autoritarisme même dans les régimes les plus démocratiques. Il faut « se mettre au pas » derrière le gouvernement. Les appels à « l’union nationale » se succèdent, d’abord pour soutenir l’envoi d’armes en Ukraine, puis pour soutenir le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou. Pas question de marcher derrière Macron et tous ces hypocrites responsables d’attiser la haine et la division entre les travailleurs. Pas question non plus de marcher dans l’embrigadement des esprits pour recruter des soldats, particulièrement dans la jeunesse des classes populaires. Il faut refuser le SNU, le renforcement des liens entre l’école et les armées pour une « mise au pas » des jeunes sous commandement et encadrement militaire. Oui, l’avenir s’assombrit indiscutablement. Quand on entend le bruit des bottes s’amplifier, quand on voit les horreurs des bombardements à Gaza, c’est insoutenable et manifester un sincère désir de paix est légitime. Mais pour s’opposer à la guerre, il ne suffira pas de se borner à la dénoncer. Les manifestations, pétitions, même massives, ne l’arrêteront pas. Il sera encore plus vain de s’en remettre à l’ONU ou à toute forme d’institution prétendument défenseuse de la paix ou de règles de « bons droits ». Il n’y a qu’à voir leur impuissance dans les conflits actuels, leur impuissance à imposer quoi que ce soit au gouvernement Israélien. Parce que ces institutions émanent toutes du système capitaliste responsable de ces conflits. Parce qu’au final, elles défendent toute l’ordre établi et le partage du monde entre les grandes puissances avec ce que cela implique de domination et d’exploitation. Se borner à dénoncer la guerre sans remettre en cause le capitalisme n’est qu’une tromperie et n’arme pas les travailleurs de la conscience que la guerre généralisée qui se prépare ne sera jamais notre guerre mais celle des capitalistes, pour leurs profits. Pour arrêter la guerre, les travailleurs ne pourront compter que sur eux-mêmes. Ils devront s’y opposer avec leurs moyens et leurs armes de classe. En 1915 Lénine écrivait : « la tâche pressante, essentielle est de développer la conscience révolutionnaire des ouvriers, de chercher à transformer la guerre impérialiste entre les peuples en une guerre civile des classes opprimées contre leurs oppresseurs, en une guerre pour l’expropriation de la classe capitaliste, pour la conquête du pouvoir politique par le prolétariat ». En 1917, aussitôt proclamé, le pouvoir soviétique fit la preuve que seuls les travailleurs au pouvoir pouvaient mettre fin à la guerre. Il décréta l’armistice, publia les traités secrets, et appela tous les travailleurs à suivre l’exemple de la Russie. Aujourd’hui, pour s’opposer au poison du nationalisme qui demain enverra les travailleurs « mourir pour la patrie », il faut s’organiser. Il faut construire un parti visant le renversement du capitalisme et l’édification d’une société dirigée par les travailleurs à l’échelle de la planète. Un parti qui défend l’idée que les prolétaires de tous les pays ont des intérêts communs et que la perspective révolutionnaire est le seul espoir pour que l’humanité échappe à la catastrophe. Un parti qui brandit le mot d’ordre « prolétaires de tous les pays unissons-nous ».
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David Grosvallet au nom de l’Union des syndicats de la Creuse de la CGT-FO
Chers camarades, Chers amis,
Le rassemblement pacifiste de Gentioux est toujours une occasion pour l’Union Départementale C.G.T.- Force Ouvrière de la Creuse d’adresser un message sincère militant et fraternel pour rappeler notre proximité de pensée et notre attachement commun – indéfectible – au pacifisme – à la liberté et à l’émancipation des femmes et des hommes vis-à-vis de toute forme d’oppression, économique, politique ou religieuse.Cet attachement n’est pas le reliquat d’une histoire désuète. Encore et toujours, l’actualité nous oblige à réaffirmer plus que jamais la nécessité de défendre la liberté, les libertés, toutes les libertés, la République et ses principes, la laïcité trop souvent remise en cause. Au cours de la période récente, la question des libertés individuelles et collectives a souvent été posée dans le débat public. Rappelant que « le syndicalisme ne saurait être indifférent à la forme de l’État parce qu’il ne pourrait exister en dehors d’un régime démocratique », notre Confédération a été amenée à s’exprimer et à agir chaque fois qu’elle l’a estimé nécessaire. L’Union Départementale C.G.T.-Force Ouvrière de la CREUSE tient à rappeler, comme partie intégrante de l’engagement syndical, l’action menée en faveur de la paix et de la liberté. L’attribution du prix Nobel à Léon Jouhaux en 1951 a été un acte fort et nous sommes fiers de cet héritage, gardant intacte la conviction selon laquelle la paix doit être fondée sur la justice sociale et l’amélioration de la condition de la classe ouvrière. Aujourd’hui comme hier, agir pour de justes et dignes conditions de vie et de travail est un défi quotidien comme un facteur intrinsèque de paix. Dépenser un pognon de dingue pour les plus précaires d’entre nous, dans la septième puissance économique du monde, et sans aucune autre condition que de les aider à sortir des trappes à pauvreté, c’est défendre un modèle social et républicain qui nous met tous à l’abri des armes. Parmi les millions de morts de la première guerre mondiale, plusieurs centaines de fusillés pour l’exemple : pour la France, plus de 639 soldats tombés sous les balles françaises pour désobéissance militaire dont 186 travailleurs. Il est grand temps que justice soit rendue, cent cinq ans après. L’UD CGT-FO tient à saluer le combat mené notamment par la LIBRE PENSEE pour obtenir cette réhabilitation collective de ces hommes, victimes d’une discipline poussée à son extrême, exécutés pour avoir dit non à l’horreur, pour avoir voulu vivre. Une première victoire le 13 janvier 2022 par le vote en première lecture de la proposition de loi déposées par 44 députés inscrits dans différents groupes parlementaires. Pour que cette proposition soient adoptées il fallait un vote favorable du sénat. Or lors du scrutin du 2 février 2023 une majorité de sénateurs ont votés contre cette réhabilitation. Le combat pour la réhabilitation continu, nous serons au côté de la LIBRE PENSEE pour demander justice pour les 186 travailleurs exécutés par l’injustice militaire. C’est au nom de l’idéal d’une paix universelle et durable qu’il doit être mis fin aux conflits sous toutes leurs formes, y compris l’intolérance et le mépris de l’autre, et que doit prévaloir, partout et pour tou(te)s, la défense des droits de l’Homme. La fraternité des hommes et des peuples est une force considérable qui, à l’instar du syndicalisme, naît du collectif et de la volonté de s’unir dans une même cordée. Condition essentielle de tout progrès social et fondement de notre engagement internationaliste, cet idéal de paix doit être réaffirmé comme valeur fondamentale constitutive de la construction européenne. Un idéal que Force Ouvrière se refuse à voir dévoyé par un libéralisme à outrance et un capitalisme tout-puissant, propices à une guerre, même économique, entre pays, entre régions, entre entreprises, une guerre de tous contre tous. Hier la guerre en UKRAINE, aujourd’hui la guerre Israël-Palestine, Force ouvrière exprime sa plus grande inquiétude face à la dégradation de la situation à Israël et dans les territoires palestiniens. Horrifiée par les actes terroristes et le nombre de morts qui ne cesse d’augmenter à Israël et à Gaza, FO appelle à nouveau à l’arrêt des bombardements, au cessez le feu immédiat et à l’application du droit humanitaire international. Une très grande majorité de victimes sont des civils, qui ne trouvent absolument aucun endroit où se réfugier. Rien ne peut justifier ces attaques démesurées qui frappent à l’aveugle. FO apporte son soutien aux victimes civiles israéliennes et palestiniennes, à leurs familles ainsi qu’aux organisations syndicales avec qui elles travaillent. Plus que jamais les paroles prononcées par Léon Jouhaux en son temps « L’Union des travailleurs fera la paix du monde doivent devenir réalité ». Comme nous l’avions déjà affirmé fin juillet, FO rappelle son attachement indéfectible aux libertés démocratiques, individuelles et collectives en particulier le droit de manifestation. C’est le sens de notre présence ici aujourd’hui. Vive la Paix ! Vive le syndicalisme libre et indépendant ! Réhabilitation de tous les fusillés pour l’exemple ! « Maudite soit la Guerre !»
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Agathe Winocq au nom de l’union des syndicats CGT de la Creuse
Cher-e-s camarades.
Le mouvement pacifiste et le mouvement syndical ont de solides traditions de luttes communes qui se sont forgées au cours du temps dans l’action ; en faveur de la paix, du désarmement, et du droit des peuples. Jamais l’humanité n’a autant qu’aujourd’hui, disposé de moyens pour résoudre les problèmes et créer les conditions afin que chaque être humain puisse vivre en paix et en sécurité, une sécurité physique, sociale, médicale, nutritive et environnementale, que ce soit individuellement et collectivement. Pourtant la réalité du monde est toute autre. Et la principale cause de cette situation en revient au mode de production capitaliste, aujourd’hui en pleine dérive financière et spéculative, et qui plus est, aussi l’une des premières causes des nuisances écologiques. La mondialisation néolibérale des économies a accentué la fracture entre riches et pauvres à l’intérieur des sociétés et entre les pays. La recherche du profit à tout prix et la volonté des puissants de contrôler les richesses de la planète entretiennent la course aux armements et le commerce des armes, pérennisent le sous-développement et alimentent les tensions sur la planète. La politique actuelle de la France prend toute sa place dans cette stratégie guerrière libérale, en tant que 3ème marchand d’arme, il n’y a qu’à voir les annonces et décisions de Macron dans les dernières périodes qui ne cesse d’augmenter d’année en année les budgets militaires : 413.3 milliards sur 5 ans pour la loi de programmation militaire tel qu’annoncé dans le Projet de Loi de Finances 2024. La militarisation de l’économie associée au développement de nationalisme d’extrême droite sont un danger pour les démocraties, les travailleurs et les citoyens. Le centenaire de ce monument nous rappelle 100 années de luttes pour la paix et contre le capitalisme qui amène inévitablement aux conflits entre les peuples. Nos pensées vont à toutes les victimes de ses guerres, partout dans le monde, ainsi qu’à nos camarades qui ont payés de leur vie leur engagement pour un monde différent. La CGT continue son engagement pour une culture de la Paix en agissant avec ses syndicats sur les questions de santé, d’éducation, et de sécurisation du monde du travail. Il n’y aura pas de paix possible sans justice sociale. Elle travaille à la signature du traité d’interdiction des armes nucléaires et à la place que doit reprendre l’ONU dans la résolution des conflits existants. Son action, partagée avec plus de 200 associations et syndicats dans le collectif des marches pour la paix est prépondérante pour faire grandir nos exigences de Paix et de Fraternité. La CGT réitère son opposition à toutes formes de violence, d’où qu’elles viennent, et aux punitions collectives à l’encontre des populations civiles. Elle réaffirme son engagement pour un monde exempt d’armes de destruction massive et prône le désarmement de manière générale. Maudite soit la guerre, maudits soient ses bourreaux !
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Pascale Martin, députée LFI-NUPES de Dordogne.
Il était important pour moi de faire cette cérémonie du 11 novembre ici à Gentioux, devant ce monument qui est un symbole du pacifisme. Une centaine seulement de monuments aux morts pacifistes existent dans notre pays : autrement dit, une poignée. Pourtant, si nous nous réunissons chaque année, partout en France, autour de ces monuments, ce n’est pas seulement pour commémorer l’armistice et les victimes de la grande guerre, mais aussi pour rappeler notre attachement viscéral à la paix. Le gouvernement nous parle de devoir de mémoire, mais il est venu couper court aux débats parlementaires il y a à peine 4 jours, avec un énième 49.3, alors même que nous nous apprêtions à discuter du budget alloué aux anciens combattants et à la mémoire ! Alors je trouve particulièrement important que nous nous retrouvions pour rendre hommage aux morts de la 1 ère guerre mondiale. TOUS les morts et TOUTES les mortes, les soldats comme les civils, et pas seulement les morts qui vont bien dans le récit simpliste qu’on nous fait de la guerre. Je pense évidemment aux centaines de soldats exécutés, à tous ceux qui ont été déportés dans les bagnes… Pour quelle raison ? Pour avoir été accusés de lâcheté, de désertion… c’est-à-dire, pour avoir refusé la guerre. Parfois, juste pour avoir eu le malheur d’être choisis au hasard, « pour l’exemple »… Ces fusillés pour l’exemple, ces « assassinats pour la France », ce sont autant de mémoires salies, de familles endeuillées et humiliées, de noms qui ne figurent pas sur les monuments aux morts.Comme les associations présentes ici aujourd’hui, je demande avec les députés de mon groupe la réhabilitation des plus de 600 fusillés pour l’exemple de la 1ère guerre mondiale qui n’ont toujours pas été réhabilités. La proposition de loi pour réhabiliter les fusillés pour l’exemple, déposée initialement à la fin de l’année 2021 par mon collègue Bastien Lachaud, n’est toujours pas adoptée. Depuis le mois de février dernier, elle est pourtant censée passer en seconde lecture à l’Assemblée. Nous souhaitons qu’elle soit adoptée très rapidement. Quant aux civils, ils sont trop souvent les premières victimes des guerres. De toutes les guerres. Parmi eux, les femmes paient un lourd tribut lors des bombardements, des massacres, des viols de masse qui accompagnent systématiquement les conflits. Mes pensées sont avec les populations israélienne et palestinienne, prises dans une guerre dont beaucoup d’entre elles et eux ne veulent pas. Face à la violence qui se déchaine, les voix de la raison parviennent encore à se faire entendre. Comme d’habitude, elles viennent d’en bas, pas d’en haut. Des Israéliens et Israéliennes s’érigent contre la vengeance aveugle de l’armée israélienne contre les Gazaouis, alors même qu’ils ont été témoins des massacres atroces perpétrés par le Hamas le 7 octobre, qu’ils ont vu leurs proches mourir ou être capturés. Des militantes et militants palestiniens qui assistent impuissants à la destruction de Gaza, à ce que l’ONU a qualifié de génocide, continuent pourtant à exiger une solution politique au conflit et la fin de ce cycle de haine. C’est à ces habitantes et habitants des deux côtés du mur que je pense aujourd’hui. Et à toutes celles et ceux partout dans le monde qui cherchent à bâtir des liens entre les peuples pour sauver la paix. Nous n’avons pas les commandes, mais nous pouvons nous inspirer de ces militantes et militants pacifistes infatigables.Je précise militantEs, parce que ce sont bien souvent les femmes qui œuvrent pour la paix. Et la paix ne pourra pas se construire sans elles. Pensons à Martha Desrumeaux, ouvrière du Nord de la France, féministe, qui a passé sa vie entière, tout au long du XXe siècle, à lutter contre les guerres. Première guerre mondiale, guerre d’Espagne, 2ème guerre mondiale, Corée, Indochine, Algérie, Vietnam… L’histoire telle qu’on nous l’enseigne ressemble souvent à une longue suite de guerres. Nous devrions nous intéresser tout autant à la longue suite de résistances, de luttes pacifistes, de citoyennes et citoyens qui disent non à la barbarie.
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Catherine Couturier, députée LFI-NUPES de Creuse
Pour une Paix Juste et Durable !
Le 7 octobre 2023, un nouveau cycle de violences s’est enclenché sur les territoires d’Israël et de Palestine. L’horreur des commandos du Hamas ont tué, dans des actes de barbarie d’une violence inouïe. S’en suit les réactions du gouvernement d’extrême-droite israélien qui bombarde depuis 36 jours le territoire de Gaza. Forçant les populations, plus de 2 millions de personnes, à fuir au sud sans pouvoir quitter le territoire. Empêchant l’aide humanitaire d’entrer autrement qu’au compte-goutte. De massacres en bombardements aveugles, de vengeances en représailles, les innocents meurent par milliers. Le gouvernement israélien doit cesser de confondre le droit de se défendre avec la loi du Talion, comme l’a justement rappelé Dominique de VILLEPIN. L’urgence est d’empêcher que des milliers de civils ne meurent, sans soins, opérés sans anesthésie, privés d’eau et de nourriture, il n’y a aujourd’hui qu’une solution, car on ne peut rien faire sous les bombes : Cessez-le-feu immédiatement, libérez tous les otages, en finir avec le blocus et protéger les populations civiles sous l’égide de l’ONU. C’est quoi l’humanisme ? C’est l’idée qu’une vie en vaut une autre ! Malgré le centenaire du monument pacifique de Gentioux les guerres n’ont véhiculé que le contraire de l’humanisme, le fascisme et la haine des autres, l’antisémitisme en est une démonstration. C’est fermement qu’il nous faut lutter contre toutes les formes de racisme. C’est par ailleurs dans cet état d’esprit que demain je ne participerai pas à une marche dans laquelle défilera un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme, terreau de l’antisémitisme. Il nous faut porter ces valeurs humanistes autant que nous le pouvons, autant que j’ai été fidèle à ces cérémonies en Creuse de ceux tombés durant les guerres, au Bois du Thouraud, à Combeauvert, à Dontreix, à Vaussujean, à la Croix de la Mine, au pont du Murat, à la planche au pré à Boussac-Bourg. Fidèle aux différents rassemblements devant la Préfecture de la Creuse ou la mairie de Guéret contre la guerre et pour la paix que ce soit en Ukraine,Israël, Palestine, et au Congo. Fidèle à être parmi vous aujourd’hui devant ce monument portant la parole pacifiste et antimilitariste. Il nous faut oser et refuser La France insoumise, ses militants et ses élus ne sont pas antisémites. Je n’accepte pas celles et ceux localement et partout en France qui laissent entendre le contraire.… ceux-là mêmes qui acceptent de lancer un appel ou de participer à ce même appel, laissant le Front National, aujourd’hui appelé le Rassemblement National ou Reconquête, se blanchir de leur antisémitisme et de leur passé. Cette confusion entretenue menace l’ensemble des Insoumis physiquement et moralement, ici et ailleurs.(…)
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Philippe Besson au nom de la Fédération nationale de la Libre Pensée.
(…)Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. La recherche de profits immenses pour les lobbys militaro-industriels amène à rendre la guerre inévitable. (…) L’Ukraine qui, selon les Accords de Minsk devait être une zone démilitarisée est devenue la zone la plus militarisée au monde.(…) Ce qui se passe en Mer de Chine est d’une importance capitale pour l’avenir du monde. Se rejoue le même scénario qui a vu les États-Unis en 1940 pousser l’Impérialisme japonais, en quête d’une sphère de co-prospérité, c’est-à-dire des débouchés pour ses produits et le pillage des énergies et des matières premières indispensables à son économie, à entrer en guerre. Et ce fut Pearl-Harbor, délibérément provoqué par l’Impérialisme américain. Pseudo-négociations, manœuvres militaires de part et d‘autres, montée des tensions, c’est exactement le même scénario qui se déroule. Nul ne sait quel sera l’incident ou le prétexte pour déclencher les hostilités, mais la mèche est allumée.(…) À cela s’ajoute ce qui se passe au Moyen-Orient aujourd’hui avec son cortège de massacres, de tueries, de barbarie. L’horreur la plus absolue se déchaîne. La pensée unique se pose en donneuse de leçons de morale. Elle somme et tance tout le monde pour condamner ce qu’a fait le Hamas et le « terrorisme » et couvre du Manteau de Noé les crimes sanglants de l’État d’Israël et de Tsahal. Il faudra bien sortir de cette discussion absurde sur le « terrorisme ». Oui, l’action du Hamas est terroriste et a été commis un crime de guerre. Mais comment ne pas voir que l’État d’Israël veut raser Gaza, et cela ne serait, n’est pas, du terrorisme ? Bombarder un hôpital, ce n’est pas du terrorisme ? Ces gens-là ont oublié que la guerre sioniste qui a débouché sur la création de l’État d’Israël s’est faite avec des moyens terroristes, et revendiqués comme tels ! Sans rappeler le fait que les Résistants de la Deuxième Guerre mondiale étaient appelés aussi « Terroristes » par les Nazis et les Vichystes, comment oublier que les Combattants pour l’indépendance de l’Algérie ont été dénoncés , torturés et fusillés comme « terroristes » par l’État français … dont François Mitterrand était ministre de l’Intérieur. Il semble qu’il y ait des restes chez certains « socialistes ». Oui, ce qu’a fait le Hamas s’apparente à un crime de guerre du type d’Oradour-sur-Glane. Mais ce que fait Tsahal aujourd’hui, cela s’apparente à un génocide du Peuple palestinien. Rappelons que ce que faisaient les Nazis en Pologne, en Ukraine et en Biélorussie, c’était de placer les Juifs devant l’alternative suivante : la mort ou l’exil, la valise ou le cercueil. Qui pourrait voir une différence avec l’exigence des Sionistes aujourd’hui à la population palestinienne de Gaza : partez ou c’est l’anéantissement ? C’est pourquoi, la Libre Pensée dénonce la politique de répression du Gouvernement Macron-Darmanin qui entend interdire toute expression de solidarité avec le Peuple palestinien. La Libre Pensée condamne ces interdictions de manifester notre solidarité et appelle à y participer sous la forme que chacun choisira librement. La Libre Pensée réaffirme sa totale solidarité avec le Peuple palestinien et son droit légitime et indéfectible à rester et à reprendre sa terre.(…) On voudrait, par ces bobards de guerre qui sont déversés à foison, nous faire oublier qu’au Moyen-Orient, il y a un occupant et il y a un occupé, il y a un colonialiste et un colonisé. Aucun baratin de la bien-pensance ne nous fera oublier ce constat qui est la cause des malheurs et des horreurs que nous voyons se dérouler.(…) Transformer une poudrière comme l’Ukraine en arsenal, provoquer des tensions militaires en Asie, laisser faire le colonialisme israélien et l’Apartheid contre les droits des Palestiniens, c’est organiser sciemment les choses pour que le moindre incident déclenche un conflit mondial.(…) Il faut stopper la Marche à la Guerre. Il faut renouer avec le combat internationaliste qui s‘est exprimé dans le Manifeste de Kienthal de 1916. Il disait, et c’est d’une brûlante actualité, : « La guerre n’a jamais tué la guerre. Au contraire, en excitant les sentiments et les intérêts de « revanche », la guerre prépare la guerre, la violence appelle la violence…. Assez de ruines aussi ! Car c’est sur vous, peuples travailleurs, que tombent et tomberont ces ruines. Aujourd’hui, des centaines de milliards sont jetés au gouffre de la guerre et perdus ainsi pour le bien-être des peuples, pour les œuvres de civilisation, pour les réformes sociales, qui auraient amélioré votre sort, favorisé l’Instruction et atténué la misère…. Peuples qu’on ruine et qu’on tue, debout contre la guerre ! Courage ! N’oubliez pas que, malgré tout, vous êtes encore le nombre et que vous pourriez être la force. Que dans tous les pays, les gouvernements sentent grandir en vous la haine de la guerre et la volonté de revanches sociales, et l’heure de la paix sera avancée. » (…) C’est fidèle à ce combat pacifiste internationaliste que la Libre Pensée avec beaucoup d’autres à ses côtés combat pour la Réhabilitation des 639 Fusillés pour l’exemple de 1914-1918. Ici tout est symbole. Nous voulons réhabiliter ceux qui hier ont dit Non pour pouvoir dire Non à la guerre aujourd’hui.(…) La Libre Pensée dénonce la Militarisation croissante (…) C’est aussi la Militarisation de la Jeunesse. Le SNU à l’École, c’est bien plus qu’une astuce d’Emmanuel Macron pour tenter de sauver le SNU, c’est la transformation de l’École en Bataillons de la jeunesse qui a conduit à la Première Guerre mondiale, c’est la mise au pas de la jeunesse pour lui apprendre à obéir.(…)
Discours intégral en pdf. à télécharger ici
La chanson de Craonne
Avant que ne se disperse le rassemblement, un accordéoniste a surgi de la foule et s’est mis à jouer l’air de la Chanson de Craonne. Un groupe s’est immédiatement formé devant le micro pour chanter.
« ….C’est malheureux de voir,
sur les grands boulevards
tous ces gros qui font la foire
si pour eux la vie est rose
pour nous c’est pas la même chose …
….Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, nous, les troufions
On va se mettre en grève
Ce sera vot’ tour messieurs les gros
De monter sur le plateau
Si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau »
Ce fut émouvant même si cette chorale improvisée et spontanée avait du mal à chanter à l’unisson faute de répétition préalable.
Un banquet animé à la salle polyvalente du Compeix
Les deux députées sont à nouveau intervenu pour dire qu’elles ne participeraient pas aux manifestations soi-disant « contre l’antisémitisme ». Catherine Couturier a témoigné de sa propre expérience, des insultes et pressions qu’elle subit en étant traitée d’antisémite. Elle devait dire dans son discours, devant le monument de Gentioux : « Moi-même depuis un mois je reçois des menaces à peine déguisées par des coups de fils anonymes où la haine se déverse. J’en profite pour apporter tout mon soutien à Sylvie FERRER, Députée LFI des Pyrénées, qui s’est vu qualifier de “Collabo” et “Islamiste” sur sa permanence. »
Jean-Louis, libre penseur de Dordogne, nous a lu les paroles de la chanson pacifiste
« Le forgeron de la paix
Dans un village minuit sonne
Un forgeron frappe le fer
Auprès du brasier qui rayonne
Son marteau s’élève dans l’air
Il retombe et sa main velue
S’accompagne d’une chanson
En forgeant un soc de charrue
Pour une prochaine moisson
“C’est pour la paix dit-il que je travaille
Loin des canons je vis en liberté
Je façonne l’acier qui sert à la semaille
Et ne forge du fer que pour l’humanité .”
Soudain, par la porte qui s’ouvre
Entre une femme au teint bronzé,
Sous le long manteau qui la couvre
Elle tient un glaive brisé.
Sa poitrine est toute sanglante,
Et l’homme en fronçant le sourcil,
Lui demande avec épouvante :
Femme, que viens-tu faire ici ?
C’est pour la paix etc.
Moi, répond alors l’étrangère,
Dans les sillons, je mets du sang,
Reconnais moi je suis la guerre
Et forge mon sabre à l’instant.
Le forgeron saisit la lame,
Mais la broyant sous ses outils,
Il lui dit : sois maudite, ô femme,
Toi qui m’as pris un jour mon fils.
C’est pour la paix que mon marteau travaille,
Loin des canons je vis en liberté
À jamais soient maudits les engins de bataille,
Je ne forge du fer que pour l’humanité. »
Les paroles de cette ancienne chanson ont été détournées vers un chant militariste en 1915-1916, par les va-t-en guerre qui voulaient, eux,« des canons, des munitions » !
L’hommage à Félix Baudy au cimetière de Royère-de-Vassivière.
À l’issue de notre banquet au Compeix, une délégation s’est rendue au cimetière de Royère pour un hommage à Félix Baudy, maçon Creusois, syndicaliste, fusillé pour l’exemple à Flirey en avril 1915. Après que furent rappelés ces faits, une gerbe a été déposée suivie d’une minute de silence.
Le matin même la CGT avait organisé un rassemblement devant la tombe. Cela fera l’objet d’un prochain article sur ce site.
Un poème de Yves Le Car
ONZE NOVEMBRE
Ne comptez pas sur moi pour vous accompagner
Aux monuments aux morts
Tant qu’on célébrera ceux qui les ont saignés
Et qui saignent encore
Des jeunes qui n’ont rien demandé que vivre
Entre frères humains
C’est un autre chemin qu’il aurait fallu suivre
Un tout autre chemin.
Les Poilus de Quatorze morts assassinés
Par Pétain et consorts
Méritent des honneurs démilitarisés
Sans drapeau tricolore
Ce drapeau pour lequel on les a fait partir
Une fleur au fusil
Et à cause duquel ils n’ont pu revenir
Vers une vie civile.
Le Pétain de Quatorze et celui de Quarante
Sont un seul et même homme !
La Jeunesse fauchée encore adolescente
Sur les bords de la Somme
N’était pas moins précieuse et pas moins innocente
Si l’on en fait la somme
Que tous les enfants juifs sous sa poigne indécente !
ADIEU ! SALAM ! SHALOM ! ALEK HEM HASHALOM !
Ne comptez pas sur moi pour être au garde à vous
Et saluer le drapeau
Respect pour nos aïeux qui rampant dans la boue
Y ont laissé leur peau
Cent ans après en dépit du sang et des larmes
Ce sont toujours les mêmes
Qui s’enrichissent par le commerce des armes
Et par la mort qu’ils sèment.
Ne comptez pas sur moi pour vous accompagner
À la cérémonie
Toutes les guerres sont perdues et jamais gagnées
Toutes je les bannis
Et du onze novembre au quatorze juillet
Je me tiens à l’écart
De tous vos défilés. Nos aïeux ont payé
Trop largement leur part.
Ne comptez pas sur moi pour aller applaudir
Quand passent vos troupeaux
Ne comptez pas sur moi sinon pour vous maudire
Vous et tous vos drapeaux.
Yves Le Car